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Jailhouse rock

Elvis n’est pas mort, je l’ai revu.

On retourne à Garajau. Encore une fois en petit groupe : Élisabeth, une jeune anglaise, et moi. Elle a quinze plongées au compteur. Je lui parle d’un gros mérou qu’on verra certainement de près : elle ne semble pas rassurée. Je ne la sens pas.

Notre guide sera Marc, un Allemand très sympa.

Mise à l’eau, Marc sonde directement à quinze mètres. Moi je reste à côté de ma binôme qui ne descend pas beaucoup, puis remonte, puis redescend un peu. Les oreilles ne passent pas. En plus elle a sa caméra dans une main et elle tente de vider sa stab, déjà vide, en permanence avec l’autre…

Tout ça est très brouillon. Ça ne sent pas bon, côté maîtrise. Marc remonte et la prend enfin en charge. Ce n’est pas à moi de faire son job…

On arrive dans les quinze mètres et on voit Elvis, un peu plus haut que nous, sur le plateau, mais assez loin. Il y a déjà les trompettes et les perroquets. Élisabeth est toujours un peu au dessus de nous, elle a du mal à s’équilibrer, c’est visible.

On fouille les grosses roches, toujours des petits poissons scorpions, quelques demoiselles 🤩.

Marc se pose au fond, dans les vingt cinq mètres et me fait signe : une raie papillon ensablée. L’empreinte elliptique est bien là mais on voit à peine un œil dépasser et les branchies, sous le sable, bouger. On reste de longues secondes à la regarder.

Plus loin, Elvis est là, il nous a suivi. Il se pose sur le sable, sans bouger. Allez, j’y vais ! Je me pose, allongé en face, à un mètre environ. Je respire au minimum. On se regarde. J’avance. Encore un peu. Encore. Je suis à moins d’une longueur de bras. Il ne bronche pas mais je me dis que c’est assez proche. Je recule, me soulève, et je viens me placer parallèlement à lui, et je glisse petit à petit vers lui. A vingt centimètres, chaque fois que j’expire il me regarde, sinon il fixe devant lui. Placide.

Ce n’est pas souvent qu’on peut approcher la vie sauvage de si près !

On continue la balade, Marc part devant et moi je surveille ma binôme. Et ce qui devait arriver, arrive. Soudainement Élisabeth s’envole vers la surface, elle n’a pas le réflexe de purger. Boum, elle fait surface avant que j’ai pu la récupérer. Moi je stoppe à cinq mètres, je ne veux pas me mettre en danger. J’irai la chercher si elle ne redescend pas.

Je lui fais signe de me rejoindre. Une fois à portée, je la tire doucement vers le bas. Je la rassure et je ne quitte pas son regard. Encore une fois les oreilles qui freinent pour descendre mais on parvient à retourner à quinze mètres et Marc arrive (enfin). Je lui explique qu’elle a fait surface. Il la prend en charge et je le surveille. Bon, il connaît son job, il fait ce qu’il faut, maintenant.

Il ne l’a quitte plus et moi je vérifie mes paramètres. Tout est OK. Déco nickel, gaz en quantité. L’ordinateur a couiné à la remontée rapide mais pas plus que pendant les plongées niveau quatre (voir Les sensations d’abord !).

Après quelques minutes supplémentaires au fond, on ramène Élisabeth au bateau, elle est courte en air. Elle fait son palier de sécurité avec l’autre groupe. Moi, il me reste quatre-vingts bars, on repart avec Marc pour dix minutes de plus. Cool pour moi mais pas cool pour elle. Zéro prise en charge particulière. J’hallucine.

On grenouille dix minutes de plus. Elvis revient. Je me stabilise vertical. Il avance jusqu’à vingt centimètres de mon visage. Face à face. Ne pas respirer. Moment d’éternité. Il vire tranquillement sur ma droite, je lance la main et je caresse la queue. Ouah 🥰

On remonte sur le bateau, j’ai cinquante bars. Enfin une plongée complète : cinquante minutes, presque trente mètres, plus de gaz, plein les yeux.

Marc me glisse un merci.

Comme Élisabeth a filmé, j’aurai, j’espère, dans quelques jours, des vidéos d’Elvis !

Je lui ai aussi fait promettre de me donner des nouvelles de son état demain et d’appeler les secours à la moindre alerte. Le club ne l’a pas fait : “elle n’avait pas de déco”. Peu de chance qu’il lui arrive un truc mais ne pas lui donner de consignes me semble un peu léger…

Demain épave. J’espère.

1 commentaire pour “Jailhouse rock”

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