Un instant de panique

Qui s’est un peu trop prolongé à mon goût.

Plongée 4. Site : Elephant head rock

Je plonge avec un seul kilo, et ça va faire toute la différence.

John fait le briefing pour Elephant head. Une série de très grosses roches avec deux ou trois passages, comme des petits tunnels.

On se met dans l’annexe et zou. On se jette à l’eau près de la plus grosse roche et on descend tranquillement dans les quinze mètres. L’oreille gauche chatouille un peu lorsque j’équilibre. Détail, j’ai l’habitude que cette oreille se fasse remarquer (voir Tête de poisson et Une plongée “normale”). On se faufile entre les roches. Peu de corail mais encore une fois ces immenses gorgones accrochées à la roche. Magnifiques.

On passe un premier tunnel décoré. Il y a un peu de courant. On tente de contourner une roche par la gauche mais là le courant est trop fort. Demi tour.

On croise alors le premier groupe qui fait demi tour lui aussi à cause du courant, trop fort de là où ils viennent. Puis je me rends compte que Ross et Darryl ne sont plus avec nous. Trop âgés, ils n’ont pas la condition physique pour suivre dans le courant, je suis seul avec John.

Il apparaît que nous sommes dans une cuvette, avec quelques autres plongeurs, et qu’il n’y a guère d’échappatoire possible car le courant rentre partout. John coule et je le suis. On va tenter une sortie par le fond. On lutte contre le courant pour sortir et une fois à l’extérieur le merdier commence.

A cause de l’effort je suis essoufflé, je suis en train de vider ma bouteille. Je suis à 80 bars au bout de 35 minutes, moi qui en général termine à cette pression au bout d’une heure. Le courant nous emporte vers la surface. 18m. 15m. 10m. Mon ordinateur sonne sans arrêt : remontée trop rapide. Je tente de vider ma stab mais elle est déjà vide (!?) et je continue de remonter sans pouvoir contrôler ma vitesse. J’ai un instant de panique.

1kg.

Ce n’était vraiment pas je jour à ne plonger qu’avec un seul petit kilo. Je fais signe à John que je ne contrôle pas ma remontée et il m’agrippe au passage. Je termine mon périple à 6m avec lui et on redescend vers 8m.

Stable. Ma respiration se stabilise. Ma profondeur aussi. Je le lâche. On fait un palier, John tire son parachute et on remonte surface.

Voilà comment un accident peut arriver. A cause d’un seul kilo manquant lors d’une plongée avec des conditions imprévues.

Analyse post plongée : avec un kilo j’étais parfaitement équilibré au départ ainsi qu’au palier. Ce qui a fait la différence c’est l’essouflement : à chaque inspiration, mes poumons gonflés de beaucoup d’air me donnaient plus de volume. Archimède a fait le reste. Sans l’essouflement et avec un contrôle de ma respiration tout ça ne serait pas arrivé. Très bonne expérience.

Je remets un kilo dans mes poches à plombs.

J’ai tout de même vu, très fugacement, alors que j’étais bousculé par le courant, un animal gris avec des nageoires jaunes. Après recherche dans les bouquins ça pourrait être un mérou à nageoires jaunes. Mais il est très rare en Thaïlande. Chance ou mauvaise identification ? Je ne saurai jamais.

Après ces émotions. Petit déjeuner ! 🤪