Dernière numéro deux

En fait, je suis un contemplatif

Plongée 25. Site : Richelieu rock

Je replonge avec le mal au crâne léger, qui persiste.

Retour à la bouée. On coule et dès quelques mètres d’eau la gêne disparaît. Je me sens bien.

Je n’ai pas envie de passer mon temps à chercher les petites bestioles dans les trous, cette fois. Je me mets dans le ban. Je regarde des carangues et les empereurs tourner autour. Il y en a vraiment beaucoup : une centaine, je pense. Après quelques minutes à jouer la proie, je sors du ban et je me mêle aux empereurs. Je deviens chasseur.

Ça change totalement le point de vue. Lorsque je suis avec les tous petits je regarde les empereurs avec curiosité pour tenter de deviner quand et où ils vont accélérer. Ils m’impressionnent. Lorsque je suis avec les empereurs, deux ou trois cents fois plus volumineux, je me sens en sécurité et je regarde les petits poissons oranges comme un apéritif !

Je croise quatre ou cinq mérous corail. C’est petit comme mérou, vingt centimètres, trente, mais c’est coloré. J’aime.

Le courant nous ballotte de plus en plus, je me laisse bercer. Parfois les courants sont verticaux : je prends deux mètres vers le haut en moins d’une seconde et trois vers le bas la seconde d’après. Ajustement de ma flottabilité quasiment sans y penser, je regarde la vie marine se faire secouer. Les anémones montrent le dessous de leur jupe. Certains sont bleus pétants, je le découvre.

Je me mets sur le dos, je regarde passer les carangues au dessus de nous. Tiens, un Platax (Batfish en anglais). Et celui là est le moins affreux de la famille des platax.

Je termine tête en bas, les bulles me glissent le long du corps à chaque expiration. Ça donne encore une vision différente du récif. Je vois, à l’envers, mon étoile doudou (voir Le survol de champignons).

Une fois revenu en position ventrale, il me vient une réflexion. Dans l’eau on a toute possibilité de position sans contrainte de pesanteur. Mais qui a déjà vu un poisson nager de longs moments sur le dos ? Les dauphins le font parfois mais même les autres mammifères marins ne le font pas. Bizarre.

J’ai vu pleins d’autres dominos sans points. Comprends pas.

Je remonte sur le bateau. Je m’assoie et je laisse les images infuser cinq minutes avant de me deséquiper. Cinquante minutes c’est vraiment trop court.

Fin du second voyage. On rentre et ce soir sept personnes débarquent, cinq embarquent pour les derniers cinq jours.